Le joli coup de crayon de Valérie Samuel, la petite-fille du fondateur du joaillier Fred, se confirme dans une collection masculine athlétique, « Force 10 Winch ». Soit 18 pièces respirant l’énergie d’une transatlantique, à porter aussi bien en mer qu’en ville.
Fils d’un Alsacien ayant préféré quitter l’Europe et s’exiler en Argentine après 1870, Fred Samuel vient apprendre la joaillerie à Paris en 1924. En 1936, il ouvre une boutique rue Royale où se pressent les connaisseuses. Toutes raffolent de ce bel homme aussi charismatique que talentueux – il est le roi des perles et des pierres de couleur. Pour défendre ce pays où il n’est pourtant pas né, il part se battre dans la Légion, puis dans la Résistance, ce qui lui vaudra d’être décoré de la Croix de guerre 1939-1945 et promu au grade de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur.
Son fils aîné Henri est fait du même bois. C’est sous le drapeau de l’équipe de France de voile, dont il est membre de 1957 à 1972, qu’il s’illustre, non sans oeuvrer au sein de l’entreprise familiale. Il y travaille pendant plus de trente ans, jusqu’en 1996. Comme son père, qui pratique l’aviron et la voile, l’héritier est un vrai loup de mer. Au point d’imaginer, en 1966, un bracelet façonné dans des câbles marins tressés et fermés par un mousqueton en or. Audacieuse, l’idée de marier l’acier inoxydable à un métal précieux dépasse toutes les espérances. Le succès s’avère d’autant plus fulgurant que le nouveau bijou fait aussi un clin d’oeil aux créations de la maison en poil de queue d’éléphant, alors très dans le vent – ils doivent aujourd’hui être certifiés par un document garantissant le respect de la Convention de Washington. La collection prend le nom de « Force 10 », inutile d’être un skipper chevronné pour saisir le message. Qui dit 10 dans l’échelle de Beaufort, dit tempête et vitesse flirtant avec les 50 noeuds, soit 92 km/h sur terre.
Pour le 55e anniversaire du bracelet, la ligne « Force 10 » révèle tout son potentiel grâce à la vision de Valérie Samuel, revenue chez Fred il y a trois ans. Faisant écho aux winchs dernière génération, « Force 10 Winch » multiplie les atouts. « Je trouvais l’offre incomplète, notamment en termes de bagues. J’ai affiné le design pour faire la part belle au câble, que cela soit dans les modèles à un ou trois rangs. Le contraste d’origine imaginé par mon père s’enrichit de nouveaux matériaux, comme le titane », précise celle qui porte la double casquette de directrice générale adjointe et directrice artistique de la maison.
Textures ton sur ton
Particulièrement vigoureux sur les modèles à rails d’or jaune, le contraste a belle allure lorsqu’il joue avec les textures ton sur ton, en or blanc ou en titane noir. Confirmée par une chaîne à maillons en quinconce et des têtes de vis en étoile à huit branches, la puissance du bijou se déploie dans cinq propositions, de la plaque en acier brossé à celle en or pouvant être gravée, sans oublier le modèle évidé.
« J’aime l’idée de jouer avec ses bijoux. Pourquoi cela serait-il réservé aux seuls bijoux féminins ? J’ai toujours trouvé magique que mon grand-père, puis mon père, créent des bijoux pour des femmes. Aujourd’hui, c’est mon tour de le faire pour des hommes », ajoute Valérie Samuel. La mono-boucle d’or jaune en forme de manille lyre rappelle les bienfaits d’une oreille percée, censée garantir une bonne vue au marin. Il fut un temps où seuls ceux ayant franchi le cap Horn pouvaient en porter une.
Source: série limitée